Je vais vous raconter mon histoire ∞ Je n'ai pas connus mon grand-père, mais père dit souvent que c'était un homme imposant et fort, un colosse nubien qu'il aime raconter. Il se fit un jour capturer par l'armée du Pharaon lors d'une guerre contre la Nubie. Il avait pourtant la réputation d'être un guerrier redoutable, mais l'armée du grand Pharaon n'en fit qu'une bouchée. Une fois arrivé à Thèbes, il fut relâché et devint un citoyen comme un autre. Il a toujours été très reconnaissant pour ce qu'il considérait comme de la clémence divine. Chez lui, un prisonnier de guerre est exécuté en place publique ou condamné à être l'esclave d'un noble. Il prit pour habitude d'apporter une offrande au Pharaon chaque année, pour le remercier et lui exprimer ainsi sa gratitude éternelle. C'est d'ailleurs devenu une sorte de tradition dans la famille. Tous les ans, nous portons au Pharaon nos plus belles pierres, des bijoux, des fruits exotiques, de beaux tissus, tout ce qui est prestigieux et peut exprimer au mieux notre dévouement.
Après quelques années, il installa son commerce d'import/export de pierres précieuses de Nubie. Il était très fier de son affaire parce qu'il avait réussi à dénicher un accord exclusif avec un fournisseur de pierres de très haute qualité. Quelques temps plus tard il rencontra ma grand-mère et l'épousa. Elle, je l'ai connue, elle n'est décédée qu'il y a quatre ans. De leur amour naquis un premier fils, mon père. En grandissant il apprit le métier de son père pour le reprendre à sa mort. Quand il parle de lui, ses yeux pétillent, je sens qu'il l'a toujours beaucoup admiré, sa mort a dut l'anéantir. Les affaires marchèrent de mieux en mieux et ils se retrouvaient de plus en plus souvent à traiter avec un bijoutier très populaire au palais. C'est comme ça que notre fortune familiale se fit, grâce à cette bénédiction des dieux que mon père fut amené à côtoyer le monde de la haute société. Il fit la connaissance de ma mère, servante au palais et une des suivantes de la Reine.
Quelques années plus tard nous voilà, mes frères et sœur et moi. Le plus grand de mes frères, Isdès, était destiné à reprendre les affaires à la suite de notre père mais il refusa. A la place, c'est mon autre grand frère qui assuma cette fonction et Isdès pu se consacrer à son amour du combat en devenant soldat. J'aime beaucoup mon grand frère, je prie souvent pour lui, mais je n'approuve pas son choix de se défiler ainsi devant son devoir. Il me répète que son devoir était de suivre son cœur et de mettre son corps robuste au service des autres. Je ne sais que trop croire, à vrai dire je ne peux pas le comprendre, mon devoir à moi, je l'ai accepté parce que je le voulais, c'est ce que je voulais faire de ma vie. Quoi qu'il en soit, père lui en veut énormément, mais il semble que quelque chose de plus grand les lie et que cela a vite fait partir la rancune.
En se qui me concerne, suivant la tradition familiale, j'ai été consacrée à la religion. Depuis cinq génération, dans ma famille, en Nubie, la seconde fille à naître était vouée aux Dieux. Mon père a tenu à faire perdurer cette tradition au moment de ma venue au monde. Tout comme sa sœur (ma tante) avant moi, à l'âge de cinq, j'ai eu le droit de choisir la déesse à laquelle j'allais devoir consacrer ma vie. Depuis cet instant, je voue mes jours et mes nuits à la grande déesse Amémet, la déesse à tête de crocodile, au corps de lionne et aux jambes d'hippopotame. Celle que toute l'Egypte redoute, la dévoreuse, celle qui juge l'âme des morts au moment de leur arrivée das l'autre monde. Son culte m'a toujours attiré. Pouvoir servir une femme aussi influente et importante m'emplie de joie et de gratitude. Je ne souhaite qu'une chose, pouvoir continuer à vivre ainsi jusqu'à ma mort.
J'aime ma famille, je ne demande qu'à les rendre fier et heureux. Je fais tout pour que leur vie soit belle, je prie pour eux, je fais des offrandes à plusieurs Dieux. Je suis assez inquiète pour le salut de leur âme, qu'adviendra t'il d'eux lorsque la déesse aura à les juger, seront-ils plus légers que la plume de Maât ? Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour laver leur essence de tout ce qui pourrait les souiller, mais est-ce que la divine l'acceptera ?

∞ Que pense votre personnage à propos des évènements actuels ? Je ne sais trop quoi en penser. Si les Dieux sont réellement en colère je n'en connais pas la raison, nous prions et nous faisons des offrandes à profusion, pourquoi seraient-ils contrariés ? Pour ce qui est des tensions avec les pays voisin, cela m'exaspère toujours au plus au point, pourquoi ne vivrions nous pas en paix, chacun chez soit et en parfaite harmonie ?!
∞ Votre personnage pense-t-il à un éventuel retour des dieux parmi les mortels ? Quel est son avis sur cette rumeur ?
Les Dieux déscendus parmi nous ? Je ne sais, il est vrai que certains racontent des choses plutôt étonnantes, comme ce vieil aveugle retrouvant soudainement la vue. En tout cas si les Dieux sont réellement parmi nous, j'aimerais avoir l'immense privilège de les côtoyer, de leur parler. Secrètement, je rêve également de leur demander de n’emmener avec eux de l'autre côté.
∞ Que pense votre personnage sur l'arrivée massive d'étrangers à Thèbes ?
Mon père dit que d'avoir plus de monde en ville, c'est bon pour les affaires. Je ne sais pas si avoir trop de monde cela reste toujours bon pour lui. En ce qui me concerne, le temple n'a jamais été aussi remplis de fidèles et les offrandes s'amassent devant la grande statue de la déesse. Je prie plus chaque jour, pour leur salut, pour leurs âmes, c'est mon devoir. Tout ce monde fait que je passe plus d'heures éveillées que d'ordinaire. Mais je m'en contente, prier à ma guise est la meilleure chose qui me soit arriver.